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Je t’écris…

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Laurence LUTTON

jeudi 24 septembre 2015

Je t’écris…

A ma collègue, Hélène, secrétaire pédagogique du dispositif « éducateurs spécialisés »

Je t’écris Hélène. Une lettre que je ne veux pas posthume. Je l’adresse à nos souvenirs. Depuis ce 12 septembre où m’est parvenue l’insoutenable annonce de ta disparition brutale, je suis atterrée. J’ai pleuré, j’ai gueulé ma colère, j’ai dit l’injustice de ce vide que tu nous laisse à nous, les collègues et amis. Ce weekend-là, je ne l’ai pas vécu, je l’ai traversé hors réalité. Ce fut si violent que je me suis persuadée de ne plus jamais revenir au travail, de m’arrêter. Je voulais m’épargner la confrontation avec ton absence définitive.

Et puis, je suis revenue le lundi. J’ai pris un train plus tard, pour ne pas arriver seule à 7h30, entre les murs de cette école qui ne sera plus jamais la même. Nathalie est venue m’accueillir à la gare, nous pleurions. C’était un devoir d’être là, pour les jeunes gens en formation qui t’aimaient et qui étaient tout aussi affectés que moi. Et puis, il fallait que je me la coltine cette insoutenable réalité, tout de suite… ne pas retarder ce rendez-vous avec l’absence.

Je t’écris pour te raconter ça. Je t’écris pour que tu existes à jamais, que l’encre tatoue le papier de la chance de t’avoir côtoyée toutes ces années. Je t’écris Hélène car, devant l’impossible, le péremptoire, comme toujours,  il me vient les regrets.

Je t’écris Hélène, parce que je ne te l’ai pas dit… combien, j’ai été heureuse de travailler avec toi, combien il était bon de venir te saluer chaque matin, de fumer notre clope quotidienne (l’unique pour toi de la journée), sous les arbres près de ton bureau avec ce café que tu m’offrais, cinq minutes pour nous dire des banalités qui prennent pour moi, une telle dimension aujourd’hui. Je t’écris pour te dire que je t’aimais, qu’il me manquera ce sourire, ce visage rayonnant malgré ta fatigue, parfois… et surtout, depuis la rentrée de septembre… mais jamais tu ne te plaignais. Je t’écris pour te dire aussi, Hélène, que je ne regrette pas nos rares engueulades, c’était en vrai… et on passait à autre chose, le travail, le service à rendre au public, sans lequel nous savons quelques-uns d’entre nous, dont toi et moi, que sans eux, on ne bouffe pas.

J’écris Hélène, pour dire publiquement, que tu n’avais pas un égo surdimensionné et pourtant, tu aurais largement pu te le permettre. Tous ces « étudiants » qui t’ont croisée, qui ont cherché auprès de toi le réconfort, à qui tu arrangeais les affaires pour que tout soit plus confortable pour eux, la disponibilité avec le sourire et ta gentillesse avec lesquelles tu les accueillais… ils n’ont jamais oublié, ils n’oublient pas, ils n’oublieront jamais.

Lorsqu’ils repassaient par-là, ces jeunes professionnels nous dire leur devenir et leur sympathie pour les personnes qu’ils avaient croisées ici, ils ne manquaient surtout pas de te compter parmi celles qui furent essentielles pour eux et passaient au secrétariat pédagogique t’embrasser. A chaque remise de diplôme, tous les ans, ils te couvraient de cadeaux, de mots doux et d’hommages bruyants. La promotion 2015 a fait sa « ola » et a écrit une chanson pour toi. Il faut que tout le monde le sache, pardon Hélène, j’écorche ta modestie et ton humilité. Mais il faut qu’on sache que tu étais bien plus que ta fonction, ton statut, ton métier… tu as joué des rôles si essentiels pour tous ceux qui ont su te rencontrer et te reconnaître.

Voilà, Hélène, où que tu sois, je t’adresse mon amitié…

Laurence L.

Ta collègue

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