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Pierre : lorsque le sujet se veut anonyme

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Jean-Pierre Roussel

vendredi 14 mai 2004

Je travaille dans une institution départementales qui accueille des enfants déficients auditifs âgés de 0 à 20ans. Cette notion de prime abord semble insignifiante sauf si l’on s’attache à l’histoire de l’éducation des sourds qui est à rattacher à l’idée nouvelle du 18ème siècle qui est de ré-éduqué. Ceci laissant quelques traces qui ne sont pas neutre tant sur les prises en charges à dispenser aux personnes sourds que sur les divisions idéologiques de la manière de travailler et que de la notion de la surdité. Ainsi j’ai souhaité dans cette relation clinique me déplacer afin de montrer que je suis éducateur « sourd ». C’est pour cela que quelquefois on ne voit pas d’emblée de quelle place j écris. Et bien, si on s’appuie sur l’actualité d’évaluation et sur la dialectique combative de l’éducation des sourd ;je me propose de prendre parti contre toutes les modalités qui s’occupe uniquement de la voix ou de la gestuelle en tant qu’elles soient belles à entendre ou à regarder ; et sans qu’au préalable les différents acteurs de ces prises en charges ne puissent niés la notion de langage. Cette tendance a dire du coté de la langue n’offre t elle pas une primauté du signifié sur le signifiant. Sûrement à cause de la complexité de cette rencontre qui pose l’évènement présent dans l’oubli et qui en même temps provoque une résonance et des effets lointains et incompréhensibles. Ceci car l’objet regard viens recouvrir l’objet voix et que de fait une incidente se fait jour c’est la primauté de l’espace sur le temps ou la fixité de se dernier pour le sujet .Ainsi pour expliquer mon propos signons « partir et partir là »Ceci donne un éclairage clinique entre une fixation d’un S1 et d’une articulation S1 ;S2 . Encore c’est ainsi que dans le cas de l’éducation des jeunes enfants sourds la sommes des interrogations est impressionnante et elle ne manque pas d’alimenter un imaginaire fluctuant et destructeur .Et cela m’emmène à penser comme limite le fait même de dire ce qu’il en est de l’Autre .De la sorte , ici, seul une opinion éclairée veut bien entendre l’Autre .

Les premiers éléments cliniques m’ont été dites par les personnes qui l’accueillaient à l’éducation précoce et que j’ai prélevais dans son dossier.

Pierre est âgé de neuf ans .Il a deux sœurs. La première âgée de 18 ans et qui est née d’une première union du coté de sa mère et la deuxième âgée de 10.

La surdité de Pierre a été dépisté tôt. Il sera inscrit à partir de la courbe d’ audiométrie comme étant sourd profond du 3eme degrés. A droite aucune stimulation par voie aérienne est perçu par l’enfant ; à gauche la perte est de 90% sur deux fréquences qui touche le champ conversationnel ,c’est à dire a 250 et500 Hz .Afin de compléter le tableau clinique .Il est asthmatique et sur le plan visuel un problème d’ hypermétropie et de strabisme conjugué est décelé. Face à ce tableau clinique le corps médicale offre aux parents comme seule réponse de réparation possible l’implant cochléaire .

Lorsqu’il est arrivé à l ‘éducation précoce en 1995 ces parents regrettent de l avoir maintenu cette même année en intégration dans une école prés de chez eux. Ils dirons: « on n’était pas prêt pour la maternelle spécialisée ».Sûrement d’être dans le désarroi d’avoir un enfant sourd ils se sont inscris activement au sein d’une association de parents et d’enfants sourds jusqu’à y occuper des responsabilités, ce afin m ont ils dit : « de mieux comprendre la maladie de leur enfant et d’ y trouver des solutions ».De plus, toujours a cette époque ils témoignent de leurs difficultés quant au choix du mode de communication. Tantôt préconisent-ils l’oralisation, tantôt la gestuelle, voir même le LPC.Cela témoigne de combien tout cela était de nature à les désorienter sinon ,au moins, à les remettre sans cesse en question. De plus, il est certain que cette association était un moyen pour eux de contourner l’ irréparable, en ayant des parents semblable à leur côté.

Les parents non sans avoir hésité acceptent l’opération de l’implant cochléaire qui se déroule au CHRU de Grenoble en juin 1999.Il est implanté à droite .Ainsi, il garde le bénéfice de ses restes auditifs à gauche . Depuis il va régulièrement là-bas pour des bilans et réglages. Très rapidement Pierre semble prendre possession de son implant. Il répète des mots et ses parents se montrent très heureux car enfin il « parle ».Son père dit tout azimut : « il commence à parler ».Le protocole impose à pierre de poursuivre les séances d’orthophonie avec une personne attacher à l hôpital de Grenoble et même pendant les vacances. Cette particularité va avoir comme conséquence et parce qu’ils ont peur que Pierre manque de séances de rééducation qu’ils demandent à l’équipe médicale de Grenoble une ordonnance pour des séances en libérales .Cela sans qu’ils en parlent à l’équipe de l’éducation précoce .L’institution ne devait pas savoir et était montré du doigt car elle ferme pendant les vacances. Ainsi la période de conges est perçu comme néfaste pour eux car Pierre risquerait de manquer de rééducation. En somme derrière cette assiduité forcée les parents ne témoignent ils pas de leur désir par la peur ?

A cette époque il est frappant que pierre accapare quasi systématiquement sa mère .Elle décide d’arrêter son travail pour « ses enfants ». Elle prend des cours de LSFet ce, jusqu’a ce que la cadette aille en orthophonie du fait de difficultés d’élocution .La mère évoque cela pour expliquer son interruption de l’apprentissage de la LSF.

La mère témoigne de l’absence du père à cause de sa responsabilité d’être conducteur de travaux d’un atelier du bâtiment. Lors de la dernière année à l ‘éducation précoce les parents reçus régulièrement par la psychologue attachée au service d’éducation précoce commencent a se livrer et parlent d’ eux .Au cours des séances le père évoque les difficultés de son épouse à se faire obéir des enfants .C’est surtout lui qui prend la parole ,et il l’a prend à sa place. Elle s’efface, regarde son époux parler ;et rarement du regard pose quelques jalons. Pour moi et puisque c’est notre première rencontre un impossible à dire se manifeste. Déjà un point sourd qui me laisse penser a un anonymat. Ils me disent tout deux redouter la cantine car il ne mange presque rien à l’exception des tartines de Chocolat qu’elle lui prépare le matin et d’une certaine façon et que Pierre mange en cachette lors de la récréation.

Pour son bilan de sortie il est dit compte tenu de trois séances d’ orthophonie par semaine, qu’il travail la parole à partir d’un échange questions réponses. Dans un premier temps il démontre de la compréhension des questions à partir de réponses adapter et ceci d’une façon stéréotypée .Il commence a posé des questions pertinentes. Un des axe de travail est celui du rythme des ordres – séquences. Longtemps il ne pouvais pas regarder les autres car il manquait d’outil langagier. Puis après un ensemble d’acquisition , il s’est mis à pauser quelques demandes souvent incompréhensibles oralement. Une forme de langage « étriquer » car elle est un mélange de LPC et de LSF. Et lors de ses premières demandes ,si elles n’ étaient pas comprises, Pierre refusait de répéter .De même ,si on retourne la demande et que l’ on ne se fait pas comprendre sans effort il ne réitère pas. Ses dispositions scolaire le laisse dans une possibilité d’être en position de leader .Les autres semblent le suivre quand aux choix des couleurs des dessins et du papier à choisir par exemple . Pour moi ce refus de répéter est positif car ainsi il refuse de poser comme seul capacité celle de pouvoir énoncer la segmentation de la parole en éléments articulatoires. Il n’est pas un perroquet. Il énonce par là sa capacité d’apprendre et de pouvoir conceptualiser le monde qui l’entoure. Il apprend qu’il est primordiale de distinguer la répétition pour l’apprentissage de la voix en tant qu’elle demeure une mimique de l’aspect figuratif du signe qui est imprégné de sens La confusion pour l’avoir trop souvent rencontrer pousse le petit autre entendant à maintenir la personne sourde au rang de l’animalité en tant que la langue des signes ne serait qu’un reliquat des origines du langage. Le sourd ainsi est pensé comme étant dans l’impossibilité d’abstraction. Encore Il compense énormément par l’imitation et l’observation .l’équivoque « limitation » qui touche les enfants sourds n’est pas sans conséquence.

Sa compréhension visuelle est très forte. Depuis l’implant il peux comprendre avec la voix s’il y a la suppléance de la LSF.Il a déjà une idée de la demande de l’autre. Sa production graphique est de qualité et il peut faire des dessins en perspective des volumes. Un constat qui a marqué l ensemble des professionnels est le fait qu’il demande de plus en plus d’école .Avec un souci ,celui de maintenir l’échec lorsqu il est mis comme tel. Ceci témoigne de l’importance qui porte au maître . Il n’aime pas se faire distingué ainsi, il a été précisé en dernière année de maternelle que le port de ses lunettes a été pour lui une grosse difficulté.

Je deviens dés qu’il rentre en primaire le référent de pierre à l’école et ce durant le temps de la cantine Au début ,Pierre ne manifeste rien. Il est là à l’admission ne comprenant rien de ce qui lui arrive, aux milieux des parents angoissés qui ne peuvent pas énoncer de question tellement la singularité de cette rentré est particulière pour tous. Cette petite classe ,déjà, à côté des autres normales fait symptôme.

Les parents de pierre sont présent côte à côte .Pierre reste vers eux sans rien dire et regarde tout ce qui l’entoure d’une façon curieuse et quelque peu inquiétée

Je vais à leur rencontre .Seul le père parle. Ils attendaient l’éducateur sourd. Il me dit qu’il a un souci avec la nourriture et lui dit d’être sage avec l’éducateur .Ceci en usant de la langue des signes mélanger avec un discours incohérent. Pierre ne réponds pas et détourne même son regard.

Les premiers temps dans cette nouvelle école sont révélateurs d’une nécessité d’être à côté de lui. Il ne dis rien. Il se tiens distant de moi et du groupe qui ne se sait pas. J’ai affaire à une double construction faire exister le groupe qui est n’est pas pour les autres et faire en sorte pour Pierre qu il y trouve une place .Ainsi je le laisse dans cette anonymat qu’il choisit tout en restant attentif à se qu’il ,produit et à son environnement. A coté de lui ,je le regarde l’accompagne parfois à travers ses longues marches ou tête baissé il produit un travail d’écriture par ses tracés et par ses productions manuelles sur l’écorce d’un arbre ou sur la terre qui entoure son tronc. Ainsi je me suis approché puis décalé . Ensuite j’ai proposé des craies . J’ai écrit et attendu qu’il s’approche. Je me suis déplacé en adaptant le regard. Puis de temps à autre lorsque son regard devenait grave, j’allai marché à côté de lui. Petit à petit ,il a accepté cela . puis j’ai tendu la main. Il l’a prise. Ensuite aider par les d’autres enfants il s’est intégré au groupe avec comme point de rupture la nourriture. Ce temps ou il ne pouvait pas se distinguer de l’autre. Ce temps ou cette contingence le fait exister de l’autre. Ce temps ou le symptôme le fait paraître, le sort de l’anonymat.

. Pierre se montre sous différentes facettes. Il peut tout autant être timide, curieux, taquin, réserver…et cela en faisant preuve d une remarquable intelligence et avec comme point de rencontre l’anonymat. Ce point de rencontre me semble capital car il témoignerait de la division du sujet.

Anonyme car Pierre se fond merveilleusement dans la masse Le paraître qu’ il donne lui permet d être un modèle d intégration puisqu aujourd’hui, à l écoles s’il y a un signifiant maître qui opère c’est bien celui de l’intégration. Pour chacun des enfants sourds et moi même, que j’accompagne il semble indispensable pour qu’ils existent de faire avec, même si des faits sociaux témoignent d un refus de ce modelage avec des notions de « groupe » ci ou là qui se manifeste en tant que résistant plus ou moins radicalement ou plus classique comme la famille. Pour ma part j’essaye de tenir une fonction de médiateur afin de limiter la férocité de la chose.

Donc, avec le personnel de service Pierre est propre, soigneux, mignon et il se tient en retrait, et extrêmement prés du règlement intérieur. Pour ma part j’entretien et je construit un travail pointilleux avec l’ensemble du personnel car je sais pour l’avoir éprouver que l’acceptation du social ne peut réussir que si se support est construit.

Seulement cette façade( l’ image qui donne à voir) cache l’ autre versant de l anonyme non celui du religieux que nous venons de voir mais celui d Hedegger( Lacan ?) qui est propre au sujet. C’est pour cela qui peut faire preuve de responsabilité, de volonté, d autorité, d altruisme soit dans un rapport de dualité(ou de pluralité).Pour illustrer cela je dirai qu’il n’est pas rare de le voir glisser ses bêtises et en les montrant le moins possible et en procédant sous la table avec le pied ou encore en’(jouissant) finement du coté du corps d’autres positions subjectives .Le corps et l’objet voix sont les deux moyens qu’il utilise. Ainsi rapidement j ai repéré que Pierre rencontrait surtout deux position subjective celle de Anna en proie avec le discours maternel et celle de Eric papillonnant sans cesse et qui ne manque pas une occasion de se montrer ou de faire trou dans le réel lorsque par exemple il détonne par un acte lorsque vient d’être posé l’injonction de faire silence total en disant : « pourquoi Roseline »(responsable de la cantine).Les deux positions subjectives choisie ne sont pas anodines .Pierre n a t il pas saisi auprès de Eric cette difficulté qu’ il pouvait venir poser des suggestions car à défaut de pouvoir articuler encore les choses. Aussi, ne cesse t il pas de l’appeler en écho et en riant jusqu'à ce que bon nombre de personnes tombent dans cette métonymie en inversant les prénoms de chacun sous la forme de lapsus .Et n’a t il pas saisi la position de Anna qui semble être paralysée sous l’emprise du surmoi maternelle. Pierre a bien compris ces positions d’être objet de l’autre. Aujourd’hui Pierre semble avoir déplacé sa position vers d’autres enfants déficients auditifs et je pense que l’ acquisition des différentes modalités de langage qu’il a acquis lui permettent cela. J’ai pu en travaillant sur des coupures, avec les trois, voir Pierre déplacer ce point de jouissance .Depuis, il arrive qu’il aille du coté de la rivalité se « frotter » auprès d enfants entendant lorsque ceux ci sont mis en faute. Il ne manque pas alors de me dire : « jean pierre ,regarde il fait une bêtise !»Ainsi si je m appuie sur le fait qu’il semblait avoir saisi du coté de Anna qu’elle a à faire avec l’emprise d’ un surmoi maternel puissant et que du coté de Eric se positionne comme objet de l’autre .

En fait, le point d’encrage de l anonymat ne peut se défaire pour eux. Nous avons eu et avons des discutions sévère à ce sujet même si il adopte une position de « ne pas pouvoir voir » qui se traduit par« ne pas pouvoir ou vouloir entendre» l’hypothèse du ne pas vouloir car l’absence du regard n’empêche pas le sens et il semble ,ainsi, fixer les chose ou l’objet dans une position détournée .Auparavant dans l’impossibilité ,Pierre disait de lui que s’il pouvait en passer par un autre, mais sans médiateur. Je reste très vigilant à cela et il le sait .En conséquence il essaye de plus en plus de ce décaler afin d’éviter la rencontre qui lui montre ce qu’il produit du coté de l interdit .Et lorsque Pierre dépasse les limites , jamais il donne de réponse par une (la) négation mais il pleurs, ou va vers des retranchements .Maintenant il s’explique de plus en plus, il s’excuse et en fait de moins en moins. Le rapport se présente sous sa forme la plus banale avec le doute. Mais il semble tout de même que l’articulation (du langage) est supporté par la peur de l’autre qui peut à tout moment venir freiner sa jouissance .

Il sait (aussi et peut être) surtout combien son père m’ accorde toute sa confiance. N’est ce pas son père qui m’a avoué récemment que Pierre fait à la maison ce que je lui ai dit concernant la nourriture et que notre rencontre lui a permis de mieux comprendre combien Pierre devait être fatiguer par la concentration qu’il doit fournir pour décoder la parole des autres par la lecture labiale. Une place de supposé savoir du côté de la surdité.

Sur ces versants langagiers ,Pierre ne montre-t-il pas quelques choses du désir ?L’année passée je me posait prudemment l’hypothèse de l émergence d’ambivalence car il ne le pouvait pas en début d’année. En effet lors de notre première rencontre Pierre présent avec ses parents se décaler, se positionner en retrait, en allant faire un tour sans jamais croisé le regard. Ensuite à l’école il m’a manifesté cette anonymat en refusant tout contact.(ceci avec moi et avec les autres) .D’amblé il a décidé de poser un point d’impossible. Celui d’accorder un quelconque point d’ancrage dans l’Autre .Ainsi, j’ai compris immédiatement qu’il était nécessaire de travailler sur le versant clinique en restant à « côté » et non à chercher la « rencontre ». Le projet ainsi fût préférable à la rencontre du désir qu’il manifestait alors. C’est pour cela que je le laissait seul se promener, écrire sur les arbres, esquiver les autres d’une pirouette …etc. J’ai été aider par les enfants qui ont adopter la même position que la mienne sauf Éric et Anna qui dans une « amabilité » ou un « déplacement » allaient quelquefois le déranger .

Maintenant c’est le caractère du discours qui vient faire office de sa position .Par exemple je me trouve au portail de l ‘institution avec son père .Nous engagions une discussion de tout et rien. Pierre est là .Il ne part pas loin ,tient sa tête baissé, joue avec ses pieds ,fait des tours ; de temps en temps son père le rappelle . Il ne répond pas forcément .Il réitère, encore .Pierre ne dit rien. Puis le père me reparle de lui .Un point d’angoisse émerge pour le père .Les questions sur le comment faire avec la surdité reviennent et prennent place sur celles de comment faire pour fixer un volet roulant électrique. Pierre s’aventure sur la cadette de la clôture ou le grillage a été enlevée pour pouvoir faciliter l’axé d’un camion dans l institution. Mon regard alerte le père qui réagit immédiatement en appelant Pierre .D’une façon « naturelle » Pierre descend calmement sans regarder son père qui profite de ce moment pour donner de l explication et me prendre à témoin .(Ici n’y a t-il pas une demande de l’autre ?le savoir ne montre t il pas une limite ?)

Aussi à l’école lorsqu’il a besoin de médiateur pour s’expliquer auprès de l’autre ou pour dire de l’autre ,Pierre lève le regard est demande .Je le vois arriver en courant. « jean pierre, vient voir ce qu’il a fait untel dans les toilettes .Je le suis et je constate le fait banal que quelque uns jouent avec l’eau. Bien sûr il était absent de la scène mais je sais qu’il aurait bien aimé y être .Je déplace la chose. Il se montre satisfait puis repart jouer.

A table et dans la cours de récréation il est de plus en plus fréquent qu’il pose des questions pour savoir ce qu’il se passe . Il démontre de plus en plus son intérêt pour le savoir ? .

Au début, j’avais avec moi deux atouts, c’est qu’il manifestait en dépit de tout un désir à communiquer, en ayant quasiment aucun moyen langagier. Comment est-il venu à dire ? En rentrant petit à petit dans l’organisation de la table ou des jeux mis en place. L’autre chose, c’est que je ne voulais pas rompre réellement la rencontre car elle avait eu lieu lorsque ses parents ont chercher à me voir. Des éléments dans leurs discours m’ont permis de « comprendre » que la chose qui les angoissés était un point sourd, au sens du malentendu fondamental et de la surdité. Ainsi du côté du langage ils m’ont immédiatement idolâtré et impliqué dans leur responsabilité : c’est à dire d’être l’éducateur de leur fils. En somme le symptôme qu je nome « le point sourd »tant du côté du symbolique que du côté d’un réel avait fait mouche. L’anonymat était posé. J’étais ,alors anonyme, et je suis sûrement encore pour les parents celui qui sait ce qu’est la surdité et celui qui comme leur fils avait dû se construire une histoire particulière aux sourds pour exister. Comme la demande des parents s’appuient sur une croyance. Cela était une chance pour Pierre car je savais du coup des choses c’est que sans qu’ils le sachent vraiment les parents me demandaient de travailler ce que chacun faisons à notre insu,(en lui laissant de l espace) donc de ne rien faire sur le versant de la demande car cette contingence est le propre du sujet. C’est grâce à l’amalgame du petit autre sourd que la deuxième contingence a jaillie .

Pour les parents ces contingences ne témoignent-elles pas du désir de « l’impossible à être sourd et de l’impossible à dire de ce que peut être la prothèse et l’implant » . D’où la demande muette de la mère de ce que Pierre va être et de la demande manifeste du père de ce qui doit être. Donc c’est à partir de là que j’ai décidé de travailler la division du mot impossible .Comment rompre la première syllabe du mot pour que Pierre puisse avoir un espace de possible. Tout d’abord, j’ai laissé faire et petit à petit j’ai construit cette rencontre en étant à côté du sujet, tranquillement car, « ça peut faire mal » de ne pas entendre faute de comprendre. Le jeu, les autres et la dimension d’appartenance n’existaient pour aucun .Le groupe a mis du temps pour se former ; J’ai travaillé dans ce sens ; en premier réunir ensuite nous verrons ; Voilà pourquoi ils déjeunaient ensemble et non parachuté sur des tables aux milieu d’enfants entendant et au nom d un impératif que pourrait être l’ intégration .hier encore, je n’en savait pas grand chose et j’avais décidé de faire comme eux tourner autour du pot .Je( nous) verrons bien. Ce pot m’a conduit à rencontrer Pierre du côté du corps car du côté de la parole, et du regard je rencontrais rien. Ainsi, je lui est tendu la main, il l’a rejeté puis au fil du temps il l’a saisi de temps en temps puis il a osé jouer en faisant timidement la chatouille. Il rit ,offre un regard, un sourire et puis s’en va ensuite pas à pas il accepte et prends confiance en lui .après il a changer radicalement, il surprend, se surprend, maintien se travail d’écriture autant en classe qu’à l’extérieur ; il demande ; il propose le jeu, m’invite, souhaite que nous aillons des moment ensemble ou de rester seul. Il s’inscrit maintenant pleinement dans le groupe et ose des chose. Je le vois grandir, acquérir des connaissances nouvelles, aimer transmettre ou encore jouer en laissant petit à petit cette rigidité qui le sculpte parfois dans une forme d’isolement ou la parole de par son manque le rendait triste, et absent. Les choses ont bien changer, désormais je le laisse dans l’anonymat car il sait que j’y tiens à cet anonymat, à cet part nécessaire qui fait notre singularité. A cet Autre que nous cessons de vouloir découvrir par notre subjectivité et qui nous échappe mais qui nous manque sans cesse .

Deux éléments demeurent c’est le rapport avec l’objet oral et anal .Si le premier le distingue du groupe, il partage avec trois garçons le second lorsqu’ils se trouvent dans les toilettes.

Des progrès quant à la nourriture sont à noter. Le premier c’est le fait qu’il ne se lève plus de table systématiquement . Ce moment était vécu comme un trop long temps , c’est pourquoi il se levait sans cesse. Je dirais même que le simple fait d’être en contact avec la nourriture que ça le levait. Ensuite quant il a accepté de rester assis, il lui est arrivé fréquemment de venir s’asseoir à côté de moi car il s’avait que je n’insisterais pas sur la prise de la nourriture et qu’il trouvait un moment pour la discussion. Je lui ai demander de s’inscrire dans la ritualisation de la table afin qu’il trouve un sens à la table ensuite je l’ai invité à goûter les aliments qu’il ne connaît pas puis j’ai appris de sa part ceux qu’il aime. Si ensuite il a accepté d’ avoir un morceau dans son assiette sans le goûter, j ‘ai assisté de nouveau à une période de dégoût où il profitait de la serviette pour cacher le vide du contenant Ainsi j’ ai demander à d’autres enfants de ne pas laisser leur serviette dans l’assiette pour qu’il en fasse de même . Par la suite , je me suis appuyé sur les enfants qui se proposaient de lui offrir à manger afin que l’objet nourriture ne reste pas pour lui un souci unique qui l’encombrerait . .Puis, il s’est proposé pour ranger la table afin d’effacer toutes les traces aujourd’hui c’est finis car il faut insister pour qu’il participe. Ensuite, il a fait preuve d’ efforts quant à la nourriture qui touchait encore, il y a peut d’une façon particulière avec des signes de rejets qu’ils peuvent facilement se lire sur son visage .Ainsi, Il conviens de rester vigilant et même si l’on observe combien ça lui est difficile de ramasser la table ou de la débarrasser lorsqu’il y a des restes par exemple .

La cassure pour qu’il accepte de consommer un peu plus est corrélée à deux faits marquants le premier est une vérification du père qui dans une ultime tentative a posé un contrat avec son fils : un cadeaux onéreux qui ne pourra acheter que s’ il mange .Ce contrat ,il l’a élaboré pendant l’absence de rencontre qu’il a eu avec l’équipe éducative. Ceci est très surprenant car n’est ce pas lui qui m’a dit qu’ensemble(lui et son épouse) faisait ce que nous(l’équipe éducative) leurs disons un peu à la lettre. Ayant pris connaissance de cette information j’ai posé dans le discours cette information qui ressemble à une évaluation en la sortant de l’anonymat. Enfin les aliments circulants existaient pour sa part en tant que lieu d’adresse possible .C’est lui aujourd’hui qui aime m’interpeller avec une certaine fierté pour me montrer ce qu’il mange.

Le deuxième fait fut un départ pour le ski où il reçut de la part d’anonymes(enseignants spécialisés) de la chose l’impératif de manger s’il voulait skier .L’effet l’avait bouleverser au sens qu’il ne savait pas trop ce qu’il lui arrivait puis s’était mis à manger. L’événement a été salué par les enfants qui se sont empresser de lui proposer encore et encore de manger .Cet acte restera t il anodin ou pas pour ce sujet ?.Depuis la liste des éléments que sa mère m’avait donné et que j’avais expressément jeté afin de ne pas m’inscrire dans cette limite énumérée semble s’être allonger. Les aliments qu’il absorbe sont plus nombreux mais reste limités et sont absorbés lentement et en petite quantité. . Il sait que j’interviens auprès du personnel pour qu’il en ai plus lorsqu il aime et que je le fais à partir d’une demande. Il sait l’importance des aliments pour le corps. Laissons le temps nous verrons bien car il ne montre sur le plan physique aucuns signes de dénutrition. Un progrès supplémentaire est à noter quand aux A et au Z du repas que sont les moments liés à l’hygiène. Auparavant, il n’aimait pas venir se laver les mains avant de manger et se montrait très rigoureux pour se brosser les dents et pour la tenue de sa trousse de toilette. Maintenant tout ce retourne et il est nécessaire de le rappeler pour qu’il se lave soigneusement les dents.

Aux toilettes, il évoquait très souvent en riant les excréments qu’il allait voir dans les wc. J’esquivait le truc en lui rappelant de venir se laver les mains lorsque c’était avant le repas et en laissant tomber la chose sans jamais lui donner de l’importance . Il maintien ci où là quelques restes quand à vouloir montrer cette objet aux autres mais qu’il déplace lui même par le rire en nommant le caca et en ne manquant pas de viser quelques vieilles connaissances ou en ayant repérer de nouvelles qui auraient à ses yeux semble t il des points communs et qui sont perçu comme étant un peu inadapté par l’école.

Pierre a changer d’école cette année et je ne travaille plus directement avec lui. Ainsi la fête de noël a été l’occasion de retrouvaille .Son père s’empresse pour venir me dire bonjour .Pierre est à ses côté ; il sourit et me dit bonjour à son tour .Le père me dit : « j’ai quelque chose a te dire Pierre mange de tout à la cantine. » Le « te » me surprend moyennement et je me tourne vers l’enfant pour lui faire part de mes vœux et de ce qu’il se dit car je sais qu’il n’a pas compris à cette instant. Il me répond que c’est mieux mais en me faisant comprendre de modérer les propos de son père. Je lui souris et me déplace en me disant que les choses peuvent drôlement se retourner.

Lors d’une manifestation extérieure de course automobile j ‘aperçois Pierre. Je lui fait signe ;il me répond. Son père est là radieux de me voir .Il me dit qu’il a pris des responsabilité au sein de l’association des parents et enfants sourds .Il me demande des nouvelles et remarque avec surprise que Pierre me parle en signe .Il dit que c’est drôle mais avec un sentiment qui laisse penser à de la déception. Je réponds que Pierre dispose des deux modalités et qu’il sait comment les utiliser. Un peu plus loin je lui fais part de ma possibilité de partir travailler comme médiateur auprès de la population sourde puisqu’il connaît le profile du poste .Il me dit : « Ah ! oui mais toutes les personnes sourdes ne signes pas ».Etonnant comme les choses collent … Un reste tient férocement et à partir du « tu » et « de l ‘impossible à être sourd d’une façon singulière » pour le père il ne cesse de vouloir vérifier la possibilité de l’être avec la surdité. Je demande a Pierre s’il a été gâté pour noël .Il sourit me réponds mais son père s’empresse de me dire que oui et que c’est trop et qu’il allait le dire a son épouse responsable de cela …Pierre décidément a bien à faire à cela Il s’en débrouille mais à besoin de tiers qui vienne à cette place pour les parents afin qu’il existe pleinement sans cette contingence familiale qui le pousse sur les bords.

En conclusion, je dirais que Pierre que se soit du côté de la parole, du corps ou des semblables semble poursuivre quelque chose du réel qui a affaire à son histoire familiale . Le père et la mère sont sans cesse dans le processus de réparation. Ainsi s’il progresse c’ est bien parce qu’il est accompagné du côté d’une clinique éducative qui s’avère utile afin qu’il trouve ses propres fondements. Il y a deux ans lorsque je lui avait demander ce qu’il souhaitait que je dise en réunion il m’avait dit : « j’aime jean pierre et j’aime papa » je lui avait demandé si c’était pareil, il m’avait répondu, non.

Le non, n’est ce pas cette négation qu’il nous témoigne dans le rapport qu’il a au langage. En tant que la négation au nous du je .C’est à dire un rappel à la métonymie et une évocation du côté de la métaphore. C’est deux axes semblent bien inscrit pour lui. Ainsi je propose de continuer de l’accompagner anonymement en souhaitant qu’il se souvienne de notre rencontre de presque rien car il est question d’identification ; il l’ a amorcé du côté du langage mais en posant la nécessité de maintenir « une rigueur souple ou une souplesse rigoureuse « pour son accompagnement car il maintient malgré les apparences quelque chose de fragile ».

Pierre m’a appris à respecter encore davantage cette anonymat et m’a enseigné sur l’aliénation que produit l’éducation. Il m’a appris combien est fragile cette frontière entre le possible et le non possible de l être dans le groupe pour son appartenance .Il démontre combien il est difficile de se séparer de son symptôme tout en sachant que ce qui tient est de structure .Mais en posant comme prévalence pour l’autre dans le cas de la surdité la langue. Ainsi il est nécessaire de clarifier la chose pour le cas. Pierre m’a appris à respecter encore davantage cette anonymat et m’a enseigné sur l’aliénation que produit l’éducation. Il m’a appris combien est fragile cette frontière entre le possible et le non possible de l être dans le groupe pour son appartenance .Il démontre combien il est difficile de se séparer de son symptôme tout en sachant que ce qui tient est de structure .Mais en posant comme prévalence pour l’autre dans le cas de la surdité la langue. Ainsi il est nécessaire de clarifier la chose pour le cas. Enfin anonyme car le fait de ne pas entendre , pouvoir comprendre ,affirmer son dire ou celui de l’autre pour ou contre lui pousse le sujet vers un retranchement inévitable si la férocité et la contingence se fait trop forte car si fondamentalement le malentendu est présent celui du discours redouble la chose. Il est nécessaire de soutenir d’une façon éclairée le sujet sourd pour qu’il existe et faire attention à se mal entendu qu’est l’anonymat qui est aussi un rempart contre l’autre qui n’en entend rien.

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