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De la maltraitance

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Jean-Marie Vauchez

mardi 18 novembre 2003

Les écrits relatifs à la maltraitance foisonnent et cette notion réunit les foules. Quoi de plus révoltant en effet qu’un enfant, une femme, un handicapé maltraité ? Cette notion se trouve présente presque partout : les journaux quotidiens en regorgent, les débats parlementaires l’utilisent couramment et les professionnels de l’action sociale ne peuvent l’éviter.

Or, depuis quelque temps, un concept nouveau s’est appareillé à cette bonne vieille maltraitance, et, comme par un coup de projecteur, en a révélé toute l’ambiguïté. Il s’agit de la bientraitance.

Nous allons donc nous mettre à bientraiter ceux qui ont été maltraités. Sans doute faut il avoir toute l’attention possible, toute la finesse et la disponibilité pour savoir soutenir ceux que la vie a brisé. Toutefois, le flou réside dans cette idée implicite qu’il faudrait mettre du bien là ou il y a eu du mal.

A la manière des vases communiquants, nous allons combler la béance laissée par la maltraitance. Le reproche à ces deux notions jumelles tient en ce qu’elle conduisent à binariser ce qui est, notre expérience nous le prouve sans cesses, autrement plus complexe.

Les relations humaines ne se résument pas à ça et, chaque jour, les éducateurs que nous somment sont confronté à l’entremêlement des relations familiales, au fait que les victimes retournent auprès de leur bourreau juste après le jugement, et que les enfants battus crient leur besoin de rencontrer leurs parents alors même qu’ils ont étés sévèrement maltraités.

La maltraitance, dès qu’elle quitte les journaux à sensation pour nos écrits doit se faire discrète. Nous devons en effet nous méfier de ces jolis petits mots qui, sous un atour on ne peut plus présentable, nous empêche de penser et d’écrire.

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