lundi 21 novembre 2005
La haine, la misère, la peur ont toujours "su" où se forme leur ennemi : à l'extérieur de soi. La psychanalyse démontre que la menace est interne. Mais elle ne l'est que pour une culture qui soit capable d'intérioriser, d'avoir séparé l'intérieur de l'extérieur. Toutes les formes de culture ne le font pas. Cette guerre des banlieues sans idéal, mais non tout à fait sans causes est évidement une guerre de défense culturelle, deux visions du monde s'affrontent, mais l'une doit se défendre contre elle-même, c.a.d. contre un
désir inconscient donc refoulé qui la fait agir. "ce n'est pas une guerre c'est une opération de' police...." Mais ce que l' on oublier de dire c'est que cette" opération de police "est également confrontée à l'inadaptation d'une société aux villes dortoirs. Enfin, cette réaction du pouvoir avec ce besoin de punition revêt la forme d'une autojustification morale et juridique qui plonge ses racines dans les tréfonds de l'inconscient. VOILA POURQUOI C’EST CELUI-CI LE VERITABLE SUJET-OBJET DE CES TROUBLES.
Cette rencontre entre un monde hostile et un homme fragile pose ou repose la question de savoir si un peuple ou une culture, a le droit de mettre un processus qui conduise, selon ses critères, à une existence plus policée de l'humanité ; à une République policière pour être en l'occurrence plus direct....
L'Etat, la République a peut-être suite à ces violences urbaines, l'occasion de rechercher une légitimité nouvelle, mais il se comporte dans une structure punitive (double peine) et figée. Certes, l'arabisme des agitateurs a joué un scénario impossible, comme si "ils" avaient des droits sur le territoire français.....En outre, la culture occidentale doit se défendre contre le moralisme qui la constitue et qui crée indirectement le primitivisme de l'autre : la culture des immigrés arabes. Ce moralisme compensatoire de
l'ignorance d'autrui sert d'exutoire à un besoin ancien de punition et cache une conscience de culpabilité que n'avait pas trouvé depuis la guerre d'Algérie l'occasion de se déculpabiliser.
Freud nous indique qu'il est dans la nature de l'Etat de faire de ses
citoyens des sujets mineurs pour les rendre incapables de réagir avec un esprit critique, déjà Kant, dans sa réponse à la question "Qu'est-ce que les Lumières ?" décrivait les hommes comme incapables de penser et soumis au tutorat : les Lumières était un combat contre la dictature et l'obscurantisme.
Notre époque " transitionnelle" et dépressive nous oblige donc à faire le deuil de non illusions engendrée par la démocratie et la toute puissance de la Science. Lacan pensait déjà (Nanterre, MAI 68) que : " La Science, c'était par quoi les sociétés mortes ont l'air de se tenir comme parlantes ".
Gageons que la psychanalyse ne quitte pas la tradition de sa propre démarche au bénéfice illusoire de positions bourgeoises signe d'un paradis perdu à jamais.